Le CAPVISH dévoile les constats percutants d’une mission exploratoire
en Norvège
Québec, le 27 mai 2025 – Le Comité d’action des personnes vivant des situations de handicap (CAPVISH), en collaboration avec l’Office des personnes handicapées du Québec (OPHQ), dévoile aujourd’hui les résultats d’une mission d’étude menée en Norvège, un pays dont le modèle de santé et de soutien à domicile est reconnu pour son efficacité, son accessibilité et son respect de la dignité humaine.
« Dans un contexte de crise aiguë du soutien à domicile (SAD) au Québec – où près de 20 000 personnes attendent actuellement un premier service – les constats tirés de cette mission jettent une lumière essentielle sur des pistes de solutions et d’action concrètes », souligne Dominique Salgado, directeur général du CAPVISH.
Une « révolution silencieuse » qui a porté ses fruits en Norvège
Depuis sa grande réforme de 2001, la Norvège a misé sur trois principes : accessibilité universelle, gestion décentralisée et valorisation du rôle du citoyen. Chaque Norvégien peut choisir son médecin de famille, changer trois fois par année, et obtenir un rendez-vous dans un délai de cinq jours. Les médecins sont évalués publiquement et les soins sont financés à plus de 90 % par les impôts généraux, favorisant l’équité et la cohésion sociale.

Une crise systémique au Québec
Au Québec, à l’inverse, l’accès aux services demeure inégal, sous-financé et de plus en plus privatisé. En 2023, seulement 10 % des besoins en SAD ont été comblés par le système public. Moins de 13 % des heures d’aide à domicile sont aujourd’hui offertes par le secteur public, forçant des milliers de personnes âgées ou en situation de handicap à se tourner vers des services privés coûteux. Selon les données analysées par l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS), le Québec pourrait économiser jusqu’à 32 milliards de dollars en réorientant ses investissements vers un SAD structuré, humain et efficace, à l’image du modèle norvégien. À l’horizon 2050, si aucun changement n’est apporté, les dépenses en soins de longue durée grimperont de 7,7 à 25,6 milliards de dollars – sans
amélioration des services.
Un appel à l’action : mettre fin au statu quo
Le CAPVISH exhorte ainsi le gouvernement du Québec à :
- Doubler l’investissement public en SAD pour répondre adéquatement aux
besoins de la population vieillissante et des personnes handicapées. - Décentraliser la gouvernance des soins pour la rapprocher des communautés
et adapter les services aux réalités locales. - Renforcer la participation citoyenne et la contribution des bénévoles comme
piliers du virage vers un modèle plus humain. - Protéger le caractère public et universel du SAD, en mettant fin à sa
marchandisation.

Un changement de culture, pas seulement de structure
Il est urgent d’abandonner une logique comptable de court terme au profit d’une vision stratégique à long terme. Un modèle de soutien à domicile inspiré de la Norvège – financé massivement par des fonds publics, géré localement et fondé sur l’équité – est non seulement possible, mais nécessaire pour assurer un vieillissement digne, désengorger le réseau et rebâtir la confiance envers notre système de santé.
« Le Québec a tout à gagner à investir dans sa population vieillissante car on ne connait pas les besoins de demain. Ce qu’il lui manque, ce n’est pas un modèle mais plutôt le courage et la volonté politique de l’appliquer », indique monsieur Salgado.
Comme le montre l’expérience norvégienne, ce virage ne sera pas que technique ou budgétaire. Il exigera une remise en question fondamentale de la culture organisationnelle du réseau, une revalorisation du rôle des professionnels de première ligne et une redéfinition de la place des personnes en situation de handicap comme acteurs à part entière de leur parcours de soins.